Pascal Pochat et le Reblochon, l’histoire d’une passion

Pascal Pochat et le Reblochon, l’histoire d’une passion

Pascal Pochat et le Reblochon, l’histoire d’une passion

Entre Pochat & fils et le Reblochon, l’histoire ne date pas d’aujourd’hui.  On pourrait même dire que le terroir d’origine du reblochon, Le Grand Bornand, est aussi intimement lié à l’histoire de l’agriculture de montagne qu’à celle de la famille Pochat. Patrimoine de la vallée des Aravis et plus spécialement du Grand Bornand, le Reblochon est entré très tôt dans la vie de Pascal Pochat, en charge des relations avec les producteurs fermiers au sein de Pochat & Fils.

Entendre le récit de ce chemin de vie est une belle leçon de savoir-faire et de passion :

 

Pascal Pochat, comment est née cette passion pour le fromage de montagne?

 

Pascal Pochat Pochat et fils

Pascal Pochat : « Mes premiers souvenirs remontent à ma toute petite enfance. Je devais avoir 4 ou 5 ans et

j’adorais aller aux marchés du Reblochon fermier avec mon père et mon grand-père. Leur travail était d’acheter au meilleur prix les meilleurs Reblochons aux producteurs avant de les redescendre à Annecy pour les affiner. C’est en les observant que j’ai tout appris.

A l’époque, il y avait trois marchés, le lundi à La Clusaz, le mercredi au Grand-Bornand et le samedi à Thônes. A Annecy, je descendais tous les jours dans les caves, j’avais mon petit tablier bleu de fromager et je courais partout.

Le lundi matin, le jour du marché à La Clusaz, j’étais debout avant tout le monde. Mon père et mon grand-père m’emmenaient à chaque fois, et aussi le mercredi, le samedi sur les deux autres villages.  Je n’aimais pas beaucoup l’école et ça m’arrangeait bien. Je n’y suis allé qu’à partir de 6 ans. »

 

 

A quoi ressemblait cette enfance montagnarde ?

 

PP : « L’été, c’était facile. Mais l’hiver, il neigeait des cargaisons ! On m’emmitouflait dans la canadienne de mon grand-père.

On montait avec une Jeep, jusqu’à l’entrée de Thônes, puis on allait ensuite à pied jusqu’à la ferme Mermillod. Il nous attendait. Il était environ 5 heures du matin. Il attelait sa jument avec une luge et c’était parti pour une grande montée dans la neige.

Notre premier arrêt, c’était à St Jean de Sixt, chez un producteur du coin, puis on repartait, soit pour le Grand-Bornand, soit pour La Clusaz.

Tout était naturel, on ne se prenait pas la tête, les quantités de neige c’était normal.

Les jours où il y avait vraiment trop de neige, je devais rester à la maison. Mais je n’oubliais pas pour autant le monde du fromage. Je faisais des petits Reblochons en pâte à modeler, je les mettais sur un petit Citroën miniature et je le faisais rouler pour apporter les fromages au marché. Toute ma vie professionnelle est née de cette enfance passée aux côtés de mon grand-père et de mon père. »

Edouard Pochat Producteur Pochat & fils

Vous aviez d’autres passions ?

 

PP : « J’avais et j’ai toujours une passion pour les camions miniatures. A chaque Noël, c’était le cadeau incontournable.

Je me rappelle de tous ceux que j’ai reçus. Je pourrais vous les citer un par un.

Une année, j’avais eu un tube Citroën, le vrai, tôlé jusqu’en haut. Avec ça, on avait une mandarine, trois papillotes et terminé, rideau, c’était comme ça. »

 

Votre plus beau souvenir d’enfance ?

 

PP : « Mes plus anciens souvenirs viennent de l’époque où j’allais avec mon grand-père aux marchés du Reblochon en montagne. J’entends encore la neige tomber sur le cuir froid et dur de la canadienne du grand-père dans laquelle il m’emmitouflait.

Ce sont des souvenirs forts, protégé dans la grande gabardine en cuir, avec le bruit des grelots de la jument, la neige qui crisse sous la luge. Mon grand-père faisait plus de 2m et pesait 135 kg, donc ça crissait aussi sous ses pas. Dans sa gabardine, j’étais comme dans un refuge. On l’appelait Le Gros Pochat.

En été, pour les grandes vacances on montait au Grand-Bornand, dans notre maison. On restait deux mois là-haut et on redescendait début septembre. C’est là que j’ai appris à aimer la montagne. »

 

A quel moment en avez-vous fait votre métier ?

 

PP : « Dès qu’on avait un jour de congé ou après l’école ou le collège, il fallait aller travailler. On avait toujours des fromages à emballer, des caisses à fabriquer, des commandes à transporter.

J’étais jeune mais je n’ai jamais ressenti cela comme une contrainte.

Après mes études, en 1975, je suis rentré officiellement à la fromagerie comme salarié dans l’entreprise Pochat. En 1980, on a acheté le terrain à Annecy le Vieux dans la zone des Glaisins pour installer l’atelier de reblochon. On a intégré ces locaux en 1983. Mon grand-père avait déposé la marque La Pointe Percée et en 1984, Carrefour est devenu notre client. L’entrée de la grande distribution dans l’entreprise n’a pas été simple. Mon père refusait catégoriquement. Il a fallu de la persévérance. Et de la ruse. On a créé les Reblochons Gros Pochat pour Carrefour. Et de fil en aiguille, on a augmenté le nombre de magasins, réintégré La Pointe Percée et ajouté la Tomme et le Beaufort. Tout en conservant notre image locale auprès des artisans crémiers avec un Reblochon Pointe Percée Crémier. »

Pascal Pochat Reblochons fermiers

Quel est le point fort de votre expertise ?

 

PP : « Aucune cave ne ressemble à une autre. Et chacune donne à son Reblochon un parfum, un goût particulier. C’est comme une carte d’identité.

Quand j’étais petit, mon grand-père m’emmenait le dimanche chez un producteur local, un copain à lui. Ses reblochons étaient les meilleurs. Leur goût, leur parfum, sont restés dans ma mémoire. Un jour, quelqu’un m’a dit que j’étais comme un œnologue, capable de reconnaître un vin et en déterminer la provenance mais pour le fromage et en particulier le Reblochon.

Pour mes 40 ans, mes copains ont aligné 40 Reblochons, avec 40 étiquettes dans une corbeille. J’ai senti, goûté, et j’ai posé les 40 noms sur les Reblochons sans une seule erreur.

Vous savez, c’est mon boulot. Si je ne sais pas faire ça, c’est plus la peine… »

 

Reblochon fermier AOP Pochat et fils

Catherine Claude – Axiuba Communication
Photos : Lénaic Mauduit / Gilles Bertrand

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